ATELIER
Carmen Groza appartient à la lignée des artistes de l’abstraction. Elle recourt rarement à la figuration même si, çà et là, des éléments réalistes viennent se greffer sur son expression gestuelle.
Noircis, déchirés, assemblés, des morceaux de papier forment des compositions nourries par tradition d’un Hartung ou d’un Soulages.
L’organisation spatiale de chaque œuvre joue avec l’opposition entre opacité et transparence, ombre nocturne et clarté diurne. Les à-plats francs se combinent avec des traces fugitives, des taches parsemées. La texture des papiers superposés accroche lumière et regard de manières diverses.
Le lisse parfois, les plis et les froissements souvent, les déchirures et leurs ébréchures construisent un ensemble varié. On y retrouve un côté primitif, spontané ; celui du bois calciné, des ravages imposés par le feu à des végétaux dont les branches ou les racines ont pris une dure apparence charbonneuse.
Le résultat final est une sorte d’architecture à égale distance entre le brut et le pensé, l’élan et la retenue.
Michel Voiturier
Demarche artistique:
Dans mes œuvres, j’ai abordé au fil du temps différentes techniques, principalement la tapisserie de haute lice et le collage.
Pour moi,la tapisserie répond, sans doute, à deux besoins latentes, celui du mur et celui de la matière, puis leur accord de l’un pour l’autre.
Dans mes projets, j’essaie d’opérer une synthèse qui englobe des éléments picturaux et graphiques, tout en gardant mon aspiration d’aborder de grandes surfaces, car les œuvres que je crée ont parfois des dimensions importantes.
Dans la tapisserie j’utilise ce que nous a légué la tradition européenne tout en ouvrant de nouvelles voies de développement. Dans le choc de la tradition et de sa transgression j’entrevoie des possibilités infinies.
L’esprit nouveau peut se mêler aux techniques anciennes.
On peut être tout à fait de son temps tout en utilisant une technique traditionnelle.
Le collage est pour moi un nouvel univers graphique; il me permet une liberté de recherche formelle qui me convient.
Pour certaines de mes tapisseries, le collage a été souvent le point de départ. La création continue alors dans l’interprétation que je réalise moi-même en haute lice.